Lutte contre le terrorisme : “Il faut occuper les acteurs de la chaine du tourisme”, opine Cissé Hassane Idar, guide touristique

Publié le mercredi 30 août 2017 à 19h30min

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Lutte contre le terrorisme : “Il faut occuper les acteurs de la chaine du tourisme”, opine Cissé Hassane Idar, guide touristique

Cissé Hassane Idar est guide touristique de profession. Aujourd’hui, il s’est investi dans les activités de développement au profit de la commune de Gorom-Gorom, une localité que les touristes ont désertée depuis six ans. Cissé Hassane Idar veut occuper les acteurs qui intervenaient dans la chaine du tourisme qui sont au chômage aujourd’hui, afin de contribuer à lutter contre le terrorisme.

Qui est Cissé Hassane Idar ?

Je suis né à Gorom- Gorom le 25 avril 1975. Je suis guide national de tourisme doté d’une carte professionnelle délivrée par le ministère du Tourisme depuis 1997. J’ai étudié pendant 16 ans l’école coranique. Je n’ai jamais fréquenté l’école classique. Je suis un autodidacte et aujourd’hui je m’investis pour le développement économique de la commune de Gorom-Gorom. Je suis un grand aventurier. J’ai voyagé dans plusieurs pays d’Afrique et d’Europe et je m’exprime en 8 langues. Outre les langues nationales, dioula, moré, peul, tamasheq et songhaï, je parle bien le haoussa, français, anglais et djerma. Connaitre plusieurs langues est un atout dans le métier de guide touristique où on rencontre plusieurs nationalités et parcourt plusieurs contrées.

De guide national à coordonnateur d’une association. Le chemin est très long n’est-ce pas ?

J’ai toujours mis à profit les relations que je noue dans le milieu touristique pour des œuvres humanitaires. J’ai d’abord créé l’Association des Guides de l’Oudalan avant de créer Action Solidaire et Développement (ASD). Cette association a érigé 120 maisons d’habitation au profit des victimes des inondations du 9 aout 2006 à Gorom-Gorom. Mais avec le retrait de plusieurs bailleurs de fonds, les activités de l’association ont pris un coup.

Mettant à profit toujours ma profession de guide touristique, j’ai rencontré une personne qui aura une attention particulière sur les actions de développement que je mets en œuvre à travers une nouvelle association. Cette association mobilisera plus de 300 millions de FCFA pour la mise en œuvre des projets dans le but d’améliorer les conditions économiques de la commune de Gorom-Gorom.

Qu’est-ce que vous avez réalisé concrètement ?

Les investissements ont concerné les domaines de l’hydraulique. De 2016 à nos jours, nous avons érigé des forages pour alimenter les populations en eau potable. Egalement, des boulies (des mini-barrages) ont été creusés pour les animaux et les activités de maraichage qui se pratiquent sur cinq sites par des femmes. L’hydraulique est le plus important programme parce que le développement du Sahel, une région qui vit plus de l’élevage et peu d’agriculture a absolument besoin d’eau et d’herbes.
Le deuxième volet de notre intervention concerne la lutte contre la malnutrition. Pour ce faire, pendant la période de soudure, outre les distributions gratuites de vivres aux personnes vulnérables, nous avons procédé à la subvention de la vente du mil à un prix social. Alors que le sac de 100 Kg de mil coutait 25.000 FCFA sur le marché, la subvention a permis de le vendre à 15.000 FCFA.

Le troisième volet de l’intervention concerne la résilience des ménages vulnérables. A ce titre, la mise en œuvre d’un projet de cheptelisation a permis de doter 70 femmes issues de ces ménages vulnérables de 210 moutons dont 3 moutons par femme.

Quel est l’impact du terrorisme sur vos activités de guide ?

Le terrorisme a tué le tourisme au Sahel et impacté une bonne partie de l’économie locale parce que les touristes ont déserté Gorom-Gorom depuis six ans.
J’ai 19 camarades guides dans la localité qui ne savent plus quoi faire. Aussi, plusieurs autres acteurs de la chaine du tourisme ne s’en sortent plus. Il s’agit des hôteliers, des transporteurs, des artisans, des restaurateurs. Même les vendeurs de crédits de communication ont pris un coup. Personnellement, je vais continuer à œuvrer dans les activités de développement afin d’éviter que certaines jeunes ne soient tentés d’aller vers l’ennemi.

Aussi, je place mon espoir dans le Programme d’Urgence du Sahel que le gouvernement vient de lancer. Je compte soumettre un projet au profit des personnes dont les activités ont été impactées par le terrorisme. Pour contribuer à lutter contre le terrorisme, il faut occuper les personnes qui intervenaient dans la chaine du tourisme et dont les affaires ne prospèrent plus depuis six ans. Le Burkina est un pays où la culture et la religion n’ont jamais été un handicap.

Propos recueillis par Samuel Somda
Lefaso.net

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