Journées du Maraicher du Sahel : L’Union fraternelle des croyants de Dori tient son 12e pari

Publié le samedi 4 mars 2017 à 00h38min

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Journées du Maraicher du Sahel : L’Union fraternelle des croyants de Dori tient son 12e pari

Pour la 12e année consécutive, l’Union fraternelle des croyants de Dori sacrifie à la tradition. Elle tient, du 03 au 05 mars 2017, les Journées du Maraicher du Sahel. Cet événement vise à accroitre la visibilité des producteurs maraichers qui doivent leur salut aux boulis. Le lancement officiel a eu lieu, ce vendredi 3 mars en présence du secrétaire d’Etat en charge de la décentralisation, Alfred Gouba.

De la pomme de terre, de l’oignon, de l’aubergine, de la carotte, de la laitue et de la tomate. Les producteurs maraichers de Dori, réunis au sein de groupements, sont passés maitres dans la production de ces légumes en dépit de la pluviométrie capricieuse au Sahel. Grâce aux boulis réalisés par l’Union fraternelle des croyants de Dori (UFC), une organisation interconfessionnelle, des milliers de producteurs et productrices vivent dignement du travail de la terre. Et depuis 2006, ils participent aux journées du Maraicher du Sahel (JMS), un événement annuel qui leur permet de présenter leur savoir-faire, d’écouler leurs produits et de nouer des relations de partenariat. Pour l’année 2017, la tradition a été respectée et c’est au centre social de l’UFC-Dori que les populations se sont donné rendez-vous pour le lancement officiel de l’événement.

Le bouli, une opportunité de développement local

« Le bouli maraicher, une véritable unité socio-économique à l’échelle village pour accompagner le développement local au Burkina Faso », c’est sous ce thème que se tiennent ces JMS. Pour Estelle Bicaba, la représentante du coordonnateur de l’UFC, le choix de ce thème se justifie par la contribution inestimable de cette retenue d’eau artificielle qu’est le bouli pour les populations qui y tirent des revenus non moins importants. A titre d’exemple, elle a fait remarquer qu’au cours de la campagne 2015-2016, 23 groupements accompagnés par l’UFC-Dori ont produit autour des boulis maraichers plus de 970 tonnes de produits pour une valeur marchande de plus de 400 millions de francs CFA.

« Nul ne fera le bonheur des Burkinabè si ce ne sont les Burkinabè », a déclaré le secrétaire d’Etat en charge de la décentralisation, Alfred Gouba, représentant le parrain Simon Compaoré. Tout en saluant les efforts déployés par UFC-Dori, il a souligné que la culture maraichère rapportait plus de 82 milliards de francs CFA au Burkina Faso et que grâce à cette activité, de nombreux jeunes ont renoncé à partir à l’aventure.

« Investir donc dans le bouli, c’est investir pour l’épanouissement de l’homme et pour la paix », a conclu le Gouverneur de la région du Sahel, Péguy Hyacinthe Yoda. Pour lui, les boulis sont tout simplement une belle trouvaille qui permet à 2082 producteurs issus de 30 villages des provinces du Séno et du Yagha soutenus par UFC-Dori de se « nourrir convenablement, s’habiller, soigner et scolariser leurs enfants ».

Une foire pour bien écouler les produits

Les journées du Maraicher du Sahel version 2017 sont aussi une tribune pour les producteurs d’écouler sept tonnes de produits à travers une foire. Une foire à laquelle participent plusieurs groupements maraichers dont celui de Delwendé de Gorgadji. La culture de la pomme de terre n’a pas de secret pour ce groupement fort d’une trentaine de membres. En effet, son stand ne passe pas inaperçu tant ses tubercules exposés sont de la taille des papayes. « De par le passé, se rappelle Songto Saibata, la pomme de terre pouvait peser plus d’un kilogramme l’unité. Mais, aujourd’hui, par manque d’eau, le rendement a baissé ». Qu’à cela ne tienne, elle espère écouler ses produits d’ici la fin de l’évènement qui sera couronné par un concours du meilleur groupement maraicher.

Le bilan des onze dernières éditions des JMS est positif selon Estelle Bicaba. Et l’ambition de l’Union fraternelle des croyants de Dori,« c’est de passer des Journées du maraicher du Sahel aux Journées des producteurs du Sahel ».

En rappel, l’Union fraternelle des croyants est née suite à la famine de 1969. Créée par le Père Lucien Bidaud, curé de la paroisse de Dori à l’époque, cette organisation multiconfessionnelle regroupait à ses débuts douze volontaires musulmans et catholiques chargés de distribuer les vivres reçus des partenaires aux populations démunies. Aujourd’hui, l’Union intervient dans le dialogue pour la paix et le développement socioéconomique. Elle est nantie de plusieurs prix et distinctions dont l’Etoile d’or de la tolérance obtenu en 2013 lors de la Semaine nationale de la Citoyenneté.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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