Région du Sahel : Des organisations de défense des droits de l’homme alertent sur la situation sécuritaire et humanitaire

Publié le dimanche 12 février 2023 à 10h56min

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Région du Sahel : Des organisations de défense des droits de l’homme alertent sur la situation sécuritaire et humanitaire

Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), section du Séno, le Conseil régional des organisations de la société civile et l’association Tartit ont organisé, le 10 février 2023 à Dori, une conférence de presse sur la situation sécuritaire et humanitaire dans la région du Sahel.

Face aux journalistes, les conférenciers ont d’abord remercié les autorités religieuses, coutumières et morales qui n’ont cessé de les accompagner. Pour le président de MBDHP/Séno, Abdoulaye Hoeffi Dicko, cette rencontre avec la presse a pour objectif d’échanger sur trois points cruciaux. Ce sont la crise sécuritaire, la crise humanitaire et la situation des droits humains dans la région du Sahel.

En ce qui concerne la crise sécuritaire dans la région, les conférenciers notent que la situation se dégrade à grande vitesse malgré les réponses données par les différents pouvoirs qui se sont succédé. Selon eux, les discours officiels ou citadins tendent à relativiser ou à minimiser les faits, alors que la situation de la population du Sahel est en train de se dégrader et devient de plus en plus insoutenable. Les attaques sont devenues régulières et meurtrières. Les conférenciers prennent comme exemples les voies impraticables du fait du terrorisme depuis le 19 août 2021.

De Mansila en passant par Djibo, Tin-Akof et Markoye, les populations sont oubliées et seul Dieu sait comment elles vivent, assurent les conférenciers. Pour corroborer leurs dires, ils ont dressé un tableau des incidents dans la région ces dernières semaines, qui ont coûté la vie à plusieurs personnes.

Sur le plan humanitaire, il y avait plus de 497 000 déplacés internes dans la région, à la date du 31 décembre 2022, selon les chiffres du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation. A en croire les conférenciers, la situation humanitaire est catastrophique dans certaines zones du Sahel. Cette crise fait que les femmes sont exposées à des violences basées sur le genre dans la quête de quoi subvenir aux besoins de la famille. Dans la ville de Dori, les conférenciers soulignent que les personnes déplacées internes n’ont plus de vivres depuis le début de l’année. Les services de l’action sociale sont totalement débordés et peinent à satisfaire la demande sans cesse croissante.

La suspension de la distribution de cash par le gouverneur de la région du Sahel est venue exacerber la situation de ces personnes affligées. La coordination estime qu’aucune raison ne peut expliquer l’interdiction de la distribution de cash dans la région, pendant que cela continue dans d’autres régions comme l’Est et le Centre-Nord. « Les déplacés du Sahel sont-ils différents des déplacés l’Est ou du Centre-Nord ? Est-ce que ce sont les mêmes textes qui régissent tous les déplacés dans le pays ou bien les personnes déplacées du Sahel sont moins méritantes que celles des autres régions ? Est-ce que le gouverneur du Sahel a tout le pouvoir pour faire subir une telle discrimination envers ces pauvres déplacés ? », questionnent les conférenciers. La coordination invite alors le gouvernement à se saisir de cette affaire qui risque de dégrader le climat social déjà délétère, et à soulager les personnes déplacées déjà éprouvées.

En ce qui concerne les violations des droits humains, les conférenciers dénoncent la fermeture du tribunal de grande instance de Djibo et de Dori, ainsi que les exactions et bavures. Tout en réitérant leur soutien aux forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme dans le strict respect des droits humains, les conférenciers estiment que cette lutte ne doit pas donner lieu à tous les abus constatés sur le terrain. Ils lancent un appel au Conseil supérieur de la magistrature à se pencher urgemment sur la question de la fermeture des tribunaux, car les populations souffrent pour obtenir certains documents. Les candidats aux examens et concours ont beaucoup de mal à obtenir des documents administratifs. Pour la grâce présidentielle, aucun prisonnier de la Maison d’arrêt et de correction de Dori n’a pu en bénéficier.

Daoula Bagnon
Correspondant Dori

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