Le gouvernement officialise les mesures de gratuité de certains soins

Publié le mardi 3 mai 2016 à 13h27min

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Le gouvernement officialise les mesures de gratuité de certains soins

C’est la région du Sahel notamment Djibo dans le Soum, qui a été retenue pour le lancement officiel du programme présidentiel, en matière de gratuité des soins de la femme enceinte et des enfants de moins de 5 ans. La cérémonie s’est déroulée à la place de la préfecture, en présence du premier ministre, Paul Kaba Thiéba.

C’est l’Emir de Djibo qui a ouvert le bal des discours à l’occasion de cette cérémonie. Il s’est réjoui du choix de Djibo pour le lancement officiel de ces mesures présidentielles. La région du Sahel dont Djibo fait partie, est confrontée aux problèmes d’accès des populations aux services de santé. C’est l’une des régions où les taux en matière des soins de la mère et de l’enfant de moins de 5 ans sont très bas.
L’Emir a alors vu en la décision présidentielle « un tremplin pour le bien-être des populations et une révolution dans le système de la santé ».

A son tour, le gouverneur de la région, Djibril Lallé a abondé dans le même sens. Il a félicité le gouvernement pour la prise de ces mesures et à exprimer la gratitude des populations du Sahel, pour le lancement de la gratuité des soins de la femme enceinte et de l’enfant de moins de 5 ans.

Au plan sanitaire, la région compte 110 formations sanitaires. Cependant, les indicateurs révèlent que le taux de mortalité maternelle et infantile est l’un des plus élevés du Burkina Faso. Ce qui a donc fait dire au gouverneur, que ces mesures tombaient à pic.

Les partenaires financiers réaffirment leur soutien au gouvernement

« Je voudrais premièrement féliciter le gouvernement burkinabè pour avoir pris cette décision politique courageuse que nous attendions tous depuis un certain temps, pour la survie de ces deux catégories de la population les plus vulnérables. Vous prenez de cette façon, Excellence Monsieur le Premier ministre, la meilleure porte d’entrée pour la couverture maladie universelle en assurant le financement de la santé pour environ 25℅ de toute la population burkinabè », a dit le représentant des partenaires techniques et financiers (PTF) au Premier ministre.

Évoquant des chiffres, Marc Rubin, le chef de file des PTF par ailleurs représentant résident de l’UNICEF au Burkina Faso fera savoir : « La mortalité infanto-juvénile qui était estimée à 129 pour mille naissances vivantes en 2010 est passée à environ 82 pour 1000 en 2015, mais avec une mortalité néonatale qui n’a que très peu bougé. Le ratio de mortalité maternelle est quant à lui passé de 341 pour 100 000 naissances vivantes à 330. Le retard de croissance est encore constaté chez 30% d’enfants de moins de 5 ans... En clair, le Burkina Faso perd encore chaque année environ 60 000 enfants de moins de 5 ans ainsi que 2800 femmes autour de l’accouchement ».

Il a alors invité le Burkina Faso à « accélérer l’effort du gouvernement afin d’espérer atteindre les Objectifs de développement durable d’ici 2030, qui fixent les limites supérieures à 25 décès infantiles pour 1000 naissances vivantes, 70 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, et une diminution du retard de croissance de 40% ». C’est en reconnaissant que la mise en œuvre de ces mesures n’est pas facile, qu’il a réitéré l’engagement des PTF à accompagner le pays des Hommes intègres.

Satisfactions et promesses des autorités

Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba n’a pas manqué de rappeler le classement du Burkina Faso selon l’Indice de développement humain(IDH) qui est de 183e/188. Et la santé des populations n’est pas étrangère à un tel classement comme le révèle les chiffres mentionnés.

Faisant allusion au lancement officiel de la mesure présidentielle sur la gratuité des soins de la femme enceinte et des enfants de moins de 5 ans, le Premier ministre a qualifié ce 02 mai de « jour historique ». Car, « ces mesures sont cohérentes avec la vision et les engagements du Président du Faso vis-à-vis du peuple. Elles traduisent son attachement à l’amélioration des conditions de vie des populations singulièrement les plus défavorisées », a dit, Paul Kaba Thiéba.

Le Premier ministre en termes de bilan, chiffres à l’appui, s’est dit satisfait de l’application effective de la mesure sur le terrain. « Un mois après le démarrage de l’opération, 181 581 enfants de moins de 5 ans soit une augmentation de 70% par rapport à la même période de l’année dernière ont fréquenté les centres de santé. On a enregistré également 12 629 accouchements, 12 745 femmes enceintes prises en charge au cours du mois d’avril, 240 césariennes ».

La généralisation de la gratuité à partir du 1er juin 2016

Cependant, il n’a pas occulté les difficultés rencontrées qui ont pour noms : l’harmonisation de l’outil de suivi hebdomadaire ; la définition du circuit de transmission des informations ; les longues files d’attente ; les insuffisances dans le remplissage de certains outils de suivi ; les fausses déclarations de grossesses ou de maladies pour bénéficier de la gratuité des soins.

Le gouvernement, par la voix du Premier ministre, s’est dit tout de même satisfait du déroulement de l’opération pilote dans les régions des Hauts-Bassins, du Sahel et du Centre. C’est pourquoi il a décidé de la généralisation effective de la mesure à partir du 01 juin 2016.

Le Premier ministre a aussi apporté des bonnes nouvelles aux populations de la région. En effet, il a annoncé l’entretien de la route Ouaga-Kongoussi, le bitumage en ce mois de mai 2016 de la route Kongoussi-Djibo de même que celle Ouahigouya-Titao-Djibo très prochainement et des travaux de voirie urbaine d’un montant de 3 milliards de FCFA dans la ville de Djibo. 13 milliards de FCFA représentant 26℅ du financement est déjà acquis à travers le fond koweïtien.

Les agents du CMA de Djibo félicités

Le Premier ministre Paul Kaba Thiéba a dit sa satisfaction au personnel soignant en général lors de son allocution et à ceux de Djibo en particulier. Il a d’ailleurs effectué une visite des équipements du CMA (Centre médical avec antenne chirurgical) de Djibo. Il s’est également entretenu avec ces derniers en présence de leur ministre de tutelle, Smaïla Ouédraogo dans le but de les encourager et recueillir leurs préoccupations.

Des intervenants à la rencontre tels Sita Boro, Idrissa Kaboré, Amadou Cissé et bien d’autres ont levé un coin de voile sur les difficultés rencontrées dans l’exercice de leur fonction.

Comme doléances, on note l’insuffisance en ambulances (2 ), en équipements et plateau technique, en personnel, l’inadaptation de certains locaux, le suivi des carrières des agents, la correction des salaires et des indemnités, le problème des avancements.

À toutes ces préoccupations, le Premier ministre et le ministre de la santé ont prêté oreilles attentives et ont promis examiner ces doléances avec la plus grande attention. Dans le but de leur trouver des réponses selon les moyens disponibles.

Le ministre de la santé, SmaÏla Ouédraogo s’est aussi réjoui de l’évolution des choses sur le terrain. A commencer, a-t-il dit, par l’augmentation des consultations. Il a donc vu en cette mesure présidentielle, une levée de barrière en faveur de 25% des populations concernées qui sont les femmes et les enfants.

Il a encouragé le personnel soignant à persévérer dans ses efforts et invité les journalistes à accompagner davantage son ministère pour la réussite de ces mesures. Les prévisions donnent pour le moment 20 milliards de FCFA pour son effectivité.

Le contenu des mesures

En rappel, les mesures concernent : la gratuité des soins chez l’enfant de moins de 5 ans, la gratuité des accouchements et des césariennes, la gratuité des soins chez la femme enceinte et après accouchement jusqu’à 42 jours, la gratuité de la prise en charge des fistules obstétricales et la gratuité du dépistage des cancers du col de l’utérus et du sein chez la femme.

Cette gratuité a débuté depuis le 2 avril 2016 dans les CSPS, CM et CMA des régions du Centre, du Sahel et des Hauts-Bassins.
Les centres hospitaliers universitaires Yalgado Ouédraogo ; pédiatrique Charles De Gaule ; Sanou Sourou et le centre régional de Dori ont commencé la gratuité de ces soins le 1er mai 2016. Le passage à l’échelle nationale est prévu pour le 1er juin 2016.

Angelin DABIRE
Lefaso.net

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